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Mon parcours

Mon histoire avec la surdité :

Je suis devenue sourde, il y a une dizaine d’années sans possibilité de me faire appareiller. Je venais d’avoir 30ans.

J’ai suivi des cours de lecture labiale pendant des années, et c’était particulièrement pénible pour quelqu'un qui, comme moi, n'entendait absolument rien.

La lecture labiale est très fastidieuse  en raison des lettres qui se prononcent de la même façon (p,b,m) (d, t, n) (f,v) et des lettres invisibles (k,r,g) . Ceci donne lieu à de très nombreux  sosies labiaux et le contexte ne nous permet pas toujours de trouver le mot juste.

 

Exemples de sosies labiaux :

 

  • Banc=pan=prend : b se prononce comme p. r ne se voit pas

  • Art=car=gare= rare : lettres invisibles

  • De=ne=dos=nos : la voyelle « e » couplée à une consonne comme « d » se prononce exactement comme la voyelle « o ».

 

Apres des années de lecture labiale, j’arrivais à trouver la bonne image labiale mais rarement le bon terme. Par exemple au lieu de « maman » je comprendrais « ma main » et au lieu de « niche » je dirais « triche ».

Il faut savoir que le contexte n’existe pas toujours  ou n’est pas toujours connu et que cela est particulièrement épuisant de toujours devoir se concentrer sur les lèvres et faire de la suppléance mentale.

 

En 2010, j’ai découvert le LPC tout à fait par hasard.

 

Le LPC (langage parlé complété) est un code qui permet aux sourds de lire facilement sur les lèvres.

 

J’avais déjà vu des gens le pratiquer mais je ne m’y suis jamais intéressée croyant à tort que c’était un avatar de la langue des signes (LSF).

 

La LSF est une langue à part et nécessite un investissement que tout le monde ne peut pas consentir.

 

La LSF ne me permettra pas de garder contact avec le monde des entendants : celui où j’ai ma famille et mes amis.

 

Je n’avais donc  pas beaucoup de motivations pour l’apprendre et même quand je m’y suis essayée, j’ai découvert une langue particulièrement difficile pour moi qui suis dépendante des mots et n’ai jamais su comprendre ni m’exprimer que par des mots.

 

 

Ce jour là en 2010, je suis allée à une fête organisée par des sourds qui oralisent.

 

A ma grande surprise, j’ai découvert des jeunes, nés sourds  qui avaient évolué exactement comme des entendants et exercent aujourd’hui des métiers comme ingénieur ou architecte.

 

Une jeune femme sourde m’a alors expliqué ce qu’était le LPC. J’ai découvert un code qui permet l’apprentissage de la langue française ou de n’importe quelle autre langue telle qu’elle est parlée par les entendants.

 

J’ai aussi découvert que ce code s’apprenait en deux trois heures et qu’il fallait par la suite  le pratiquer quotidiennement pour en acquérir la fluidité.

 

J’en ai alors parlé à mon supérieur hiérarchique qui a contacté l’association ALPC pour une formation en LPC : http://www.alpc.asso.fr/

 

Depuis, mes collègues ont cessé de tout m’écrire.

 

Même si c’est lent (nous sommes débutants), nous arrivons maintenant  à échanger  alors que je n’entends toujours absolument rien.

 

Les gens sont intrigués et les abordent en leur demandant ce que cela peut bien être.

 

Ils sont étonnés de me voir comprendre alors qu’ils savent que l’on doit m’écrire le moindre mot.

 

Ils sont également intrigués par le fait de voir mes collègues joindre des gestes à la parole alors que moi je réponds oralement sans faire aucun geste.

 

En fait, mes collègues entendants me codent alors que moi je décode.

 

Le décodage est intellectuellement plus compliqué que le codage mais je préfère décoder  et je pense que c’est une question d’habitude.

 

Mes collègues parlent pour que je puisse les lire sur les lèvres. La voix ne joue aucun rôle puisque je ne peux pas entendre.

 

En parlant, ils articulent (sans forcer), ce qui me permet de faire de la lecture labiale  mais à la différence de la lecture labiale classique, celle-ci est sans ambiguïtés et ne nécessite aucun effort de suppléance mentale. Nous n’avons rien à deviner car nous voyons tout ce qui se dit.

 

Il faut aussi savoir que même lorsqu’on maîtrise la lecture labiale, celle-ci ne nous retourne que 35% de l’information.

 

Pour ma part, la compréhension d’une liste de mots va de 10% avec une lecture labiale classique à 90%  quand on recourt au LPC.

 

Historique du LPC

En 1965, en rédigeant un rapport sur l’Université des sourds de Gallaudet aux USA, le Dr Orin Cornett, un physicien américain, prend conscience que le niveau moyen de lecture des sourds de 15 à 18 ans de cette Université correspond à celui d’un enfant entendant de 8 ans.

Il se rend compte qu’aucune méthode efficace ne permet aux sourds d’acquérir le langage parlé et d’accéder ainsi aisément à la lecture. A ses yeux, c’est pourtant une source primordiale d’informations pour les sourds. Le Dr Cornett met alors au point une méthode, le « cued speech », qui est testée en 1966 avec succès pour la première fois. Depuis, cette approche a été adaptée à plus de 60 langues et dialectes.

En 1971, c’est le pasteur genevois Denis Mermod qui l’adapte en français et lui donne son nom francophone d’aujourd’hui, le Langage Parlé Complété ou LPC. Lors d’une présentation à Lausanne en 1973, l’assemblée de professionnels de la surdité présente, décide que non, cette méthode n’est pas utilisable, car jamais les parents ne seraient d’accord d’apprendre le LPC.

Ce n’est qu’en 1982, près de 10 ans plus tard, que des parents eux-mêmes s’y intéressent, l’apprennent  et l’introduisent avec succès en Suisse romande pour faciliter l’intégration de leurs enfants sourds en classes d’élèves entendants. 

http://alpc.ch/lpc

 

Pourquoi ce site ?

L’idée de faire ce site m’est venue quand j’ai constaté à quel point ce code ingénieux et simple est très peu connu.

Les gens ne savent même pas que cela existe et les orthophonistes ne l’apprennent pas.

 

Beaucoup de parents d’enfants sourds m’ont dit à quel point ils ont été désemparés quand ils ont découvert la surdité de leur enfant jusqu’au jour où une personne leur a parlé du LPC.

Il faut savoir que plus de 95% des nés sourds le sont de parents entendants.

N’importe qui peut donner naissance à un enfant sourd.

 

Je connais aussi des devenus sourds qui n’ont plus que l’écriture pour communiquer avec les leurs. Mais l’écriture n’est pas viable au quotidien.

Parce qu’on ne peut pas tout écrire dans la vie quotidienne, on va abréger au départ jusqu’à ne plus vous écrire que pour vous poser des questions comme par exemple : « que veux-tu manger à midi. » ce qui n’a plus rien à voir avec la communication.

 

En dépit de toute leur bonne volonté, vos proches ne pourront pas tout vous écrire et tôt ou tard la personne sourde finira par se retrouver isolée et coupée des siens.

Du reste, pour ne pas devenir muet il faut obligatoirement continuer de parler, la lecture étant insuffisante.

Le LPC vous permet justement de

 

continuer de communiquer avec votre entourage

conserver la capacité de parler

retrouver le rire et même le fou rire ce qui disparaît complètement de notre vie le jour où la surdité nous tombe dessus.

A qui s’adresse ce site :

Il y a deux catégories de personnes concernées par le LPC.

 

1- Les entendants parents d’un enfant sourd :  

je ne suis pas compétente pour vous conseiller car moi contrairement à votre enfant, j’ai acquis le langage et j’ai une mémoire auditive. Je n’ai plus besoin du LPC pour apprendre le français.

 

Néanmoins, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer : votre enfant peut aussi bien apprendre le français que des langues étrangères. J’ai déjà vu des parents venir apprendre le code anglais pour aider leur enfant sourd dans ses devoirs

Je ne prétends pas que cela sera facile mais je peux vous assurer que vos enfants pourront suivre une scolarité normale et réussir leurs études et dans le monde professionnel comme n’importe quel entendant. Je l’affirme pour en avoir été témoin.

 

A ce titre, je vous conseille vivement de contacter l’association ALPC.

Eux sont très expérimentés dans ce domaine d’autant plus que la plupart des formateurs  sont des parents d’enfants sourds.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Langage_parl%C3%A9_compl%C3%A9t%C3%A9

http://www.alpc.asso.fr/

 

Les témoignages sont édifiants : http://www.alpc.asso.fr/code02-a.htm#02

 

 

2- Les adultes devenus sourds ou en passe de le devenir

Je fais moi-même partie de cette catégorie et tout ce qui suivra sera pensé en fonction de votre particularité.

 

Vous n’avez pas besoin du code pour apprendre à parler mais uniquement pour entretenir les liens avec votre famille et votre entourage.

 

Je préfère préciser une chose : le LPC ne vous permettra pas de rencontrer de nouvelles personnes. Les adeptes du LPC ne s’organisent pas en association et le code lui-même est très peu répandu.

 

Si vous êtes devenu sourd dans un milieu où vous ne connaissez personne ou pas grand monde alors il y a très peu de chances que cela change. 

 

Mais si vous avez déjà un entourage alors le LPC peut vraiment vous sauver la mise.

Vous et vos proches pourriez apprendre ce code en très peu de temps et commencer à coder immédiatement. Le seul effort que vous avez à faire est de retenir les clés et pour cela les phrases mnémotechniques vous seront d‘une grande aide. (voir le cours du LPC)

 

Ce sera lent au départ mais la fluidité viendra  avec la pratique. Généralement quelques mois de pratique suffisent pour pouvoir coder et décoder  aussi vite que l’on parle.

Mais même lent, le codage est tellement plus satisfaisant et stimulant que l’écriture.

 

Le LPC ne remplacera jamais l’audition que vous avez perdue mais pourra quand même vous apporter beaucoup de satisfactions.

En plus de la satisfaction de comprendre l’autre et de ne plus être condamné au silence dès qu’il n’est plus en mesure d’écrire –par exemple dans les transports-, il y a aussi ce plaisir de ne plus ressentir le handicap. Personnellement, j’ai juste l’impression de communiquer différemment. Cela attire les regards dans la rue mais je suis bien contente de pouvoir échanger : comprendre et aussi parler.

J’éprouve constamment ce plaisir alors que mes interlocuteurs et moi-même sommes débutants et codons et décodons de façon syllabique un peu comme l’enfant qui vient juste d’apprendre la lecture et qui lit syllabes par syllabes. Cela fait trois ans que j’ai appris le LPC mais je suis toujours débutante faute de pouvoir pratiquer quotidiennement. Je suis devenue sourde dans un pays où je ne connaissais quasiment personne et dix ans plus tard, je n’ai pas beaucoup d’amis. De plus, je les vois trop rarement pour que nous puissions progresser.

 

En dépit de tout, je resterai toujours redevable à celui qui a inventé ce code et à la personne qui m’en a parlé pour la première fois.

 

 

 

Remarques :

Le code enseigné dans ce tutoriel est légèrement différent du code enseigné par l’association ALPC.

 

Le principe est le même mais il y a quelques différences  comme par exemple :

"in" et "un" : l’association prévoit deux positions différentes pour ces deux voyelles

voyelles isolées : la neuvième configuration n’existe pas et les voyelles isolées sont codées de la même façon que sont codées f, t, m.

"e" est toujours codé sur le coté qu’il soit muet ou non alors que la position sous l’œil est réservée au son eu.

 

Cela engendre des confusions au niveau des syllabes.

Ainsi selon le code enseigné par l’association, on code « u » et « tu » de la même façon alors  que les deux ont la même image labiale.

De même « de » et « do » se codent de la même façon alors qu’ils ont quasiment la même image labiale. Il est alors très difficile voire impossible de distinguer entre "u" et "tu", "je" et "jo", "de" et "do", "le" et "lo", "se" et "seau" etc……..

 

Le LPC enseigné par l’association est discriminant au niveau des mots : deux mots ayant la même image labiale seront obligatoirement codés de façon différente. Ce qui convient tout à fait aux parents d’enfants sourds qui commencent à coder à leur enfant un langage enfantin  qui devient de plus en plus élaboré au fur et à mesure du temps pendant lequel ils développent une fluidité qui leur permet par la suite de coder de façon globale.

 

Ainsi l’enfant saura que son parent lui a codé par exemple "utile" et non pas "tutile" qui est inexistant dans la langue française.

 

Pour les devenus sourds le contexte est très différent : vous et votre entourage serez amenés à coder et décoder un langage élaboré  alors que vous êtes débutant en LPC.

Le LPC permet de coder et de décoder n’importe quel mot de la langue française aussi long et compliqué soit-il. C’est toujours la même technique.

Mais comme j’ai l’habitude de le dire, vous êtes dans la situation d’un enfant de CP qui vient d’apprendre la lecture et à qui on demande de lire un article de "le Monde".

Que ce soit "oui-oui" ou "le Monde", la technique de lecture est certes toujours la même mais en lisant le journal, il y mettra un temps beaucoup plus long qu’un lecteur expérimenté qui lit de façon globale.

Le lecteur débutant lira de façon syllabique comme vous-même allez coder et décoder de façon syllabique.

 

C’est pourquoi il est très important de ne pas avoir d’ambiguïtés au niveau des syllabes aussi.

Ce tutoriel a été fait dans cette optique. Le code que vous allez apprendre est aussi bien discriminant au niveau des mots qu’au niveau des syllabes : les syllabes ayant une image labiale identique seront obligatoirement codées différemment.

 

Quant aux parents d’enfants sourds, je vous conseille encore une fois de vous orienter vers l’association compétente. Votre enfant doit apprendre le LPC standard pour pouvoir comprendre les traducteurs LPC qu’il aura pendant sa scolarité.

 

Néanmoins en dehors de ces quelques petites différences susmentionnées, les deux codes sont quasiment un seul et même code. J’ai juste changé quelques positions pour lever toute ambigüité même sur les syllabes..

 

La technique de codage enseignée dans ce cours est la même que celle qu’on m’a apprise. C’est aussi celle adoptée pour tous les LPC qui existent dans le monde sachant que 60 langues et dialectes ont leur code aujourd’hui.

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